En ce samedi ensoleillé et langoureux du sud de la france, personne n’a envie de se lancer dans l’explo de vieux souterrains crasseux à coup de frontale et de poussière. C’est bien pour cela que dans l’urbex des contrées chaudes, on lance aussi des sessions chill, où carotte et humus sont de la partie et où on apprécie la vue du haut de sa plateforme délabrée. Ici, commence le premier article des Pic-nic Sessions.
First spot, first stop. C’est dans les collines surplombant la rade que Momo la Malice m’amène en premier. Titine roulante, techno-funk crachante, on accède doucement à la définition de cet état physiologique dans lequel tout adolescent se retrouve un jour ou l’autre, « OKLM ».
Un endroit bien marqué, pourtant pas si mal caché, qui faisait probablement office de pseudo-carrière il y quelques temps. Photo à l’appui, on se détend et on parle développement durable.
Malgré les visites régulières de fricheurs en tout genre, cet endroit conserve avec style sa principale fonction : une parfaite plateforme à fringale. Nous classerons ainsi ce site dans le smooth urbex du dimanche.
Après avoir repris forces et esprits, la Citroën nous catapulte dans une région plus urbanisée, et après avoir sauté buissons et palissades, nous entrons dans une maison des plus provençales.
Ici encore, le lieu est visité, habilité, squatté, détruit, revisité, réhabilité… Même si un morceau du lieu originel disparaît par ce procédé, il en acquiert tout de même ce charme certain, qui est celui de tout endroit tagué et pourvu de vieux fauteuils pouilleux. Un coin où un peu tout le monde est chez lui, où on peu tout faire et où tout est permis. Grapher, fumer, pisser, dormir ou foutre le feu…
Après une brève investigation, on accède rapidement au salon deluxe à l’étage de la bâtisse voisine, plus préservée.
Le lieu suivant n’est pas à proprement parler de l’exploration, mais il s’inscrit certainement dans le milieu de la culture urbaine. Je parle ici d’une agora pleine de fresques, d’un haut lieu d’art mural, que dis-je, du temple de l’aérographe ! Des centaines de mètres de rempart n’attendent que d’être recouvert par une nouvelle couche de peinture qui recouvrira l’histoire de l’ancienne. Élégante frustration que nous procure cet art éphémère !
Avec vue sur la rade et visité de tous, c’est un point de rencontre incontournable entre artistes grapheurs. Vous trouverez très certainement les meilleures touches de la région sur ces murs.
Après nous être extasiés devant ces géants du graphe, nous translatons hasardeusement vers les bâtisses environnantes et y découvrons avec effroi cinq têtes de mouton sur un caddie. Sans aucun doute les restes du colloque des Belzébuthiens du coin, qui avaient probablement fini leur soirée avec un méchoui à la sauce Lovecraft.
Il se fait tard et la chariote du diable a déjà bien roulé. Non loin du repère de La Malice, cette dernière m’offre sont dernier coin de paradis, une autre aire de jeu pour ces adolescents un peu désœuvrés que nous sommes tous encore un peu, et qui cherchent autre chose que ce qu’on leur mâche à la maison et au lycée. Quoi de mieux qu’un vieux hangar à bateaux ?
C’est avec une satisfaction satisfaisante que nous quittons ce dernier spot et mettons fin à cette journée de ballade urbaine veloutée. Un dernier coup d’œil par dessus l’épaule, et ce bon vieux hangar nous rappela la raison qui nous avait amenés jusqu’à lui. Faut profiter de ces petits coins à nous, faut les rendre encore plus à nous sans trop les casser, et leur donner une deuxième vie.